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Ugo Le Borgne									Seconde 4
AP - portrait rédigé papier.


	Il est cinq heures. Comme tous les matins, Pedro Flaco se réveille doucement. Son rituel matinal commence. Il ouvre sa fenêtre. L'air non encore pollué de la capitale emplit ses narines et rafraîchit sa chambre. Elle est assez vaste, très confortable et très simple, composée en tout et pour tout d'un lit double, d'un bureau sur lequel est posé son ordinateur, d'un coussin moelleux fait de coton où il aime s'asseoir pour lire et d'une grande armoire rectangulaire. Cette armoire, laissée sur place par les précédents propriétaires, est ornée de motifs dont Pedro n'a jamais réussi à comprendre la signification. Sur le mur qui fait face à son lit, est suspendu un grand cadre dans lequel se trouve une photo de, lui et son père, souriant devant le stade Santiago Bernabéu, fief du Real Madrid, leur passion commune. Par sa fenêtre, Pedro voit Paris s'éveiller. Il aime ce moment par dessus tout, et plus particulièrement la vue des toits en zinc des immeubles haussmaniens du IXème arrondissement, dans lequel il réside avec sa mère Isäbella. Après de longues minutes de contemplation, il se dirige vers la cuisine où sa mère, partie faire du jogging, lui a comme toujours préparé un café. Elle lui a aussi laissé des tapas, spécialités de son pays d'origine. Il est maintenant six heures, son petit déjeuner avalé, il entre dans la salle de bain et reste un instant regarder son reflet dans le miroir. Ses cheveux bruns vont de pair avec ses yeux noirs, sa barbe naissante et son teint mat mettent en évidence ses origines hispaniques. Il se surprend à se contempler ainsi. Son corps fin et sec lui plait beaucoup. Seule la cicatrice sur la paume de sa main droite, due à un excès de colère survenu treize ans plus tôt alors qu'il n'était âgé que de quinze ans, le dérange. Cette cicatrice représente pour lui un souvenir très douloureux : la mort de son père, son idole, son héros. Un frisson le parcourt soudain alors qu'il effleure sa cicatrice du bout des doigts. Le jet d'eau chaude de la douche contribue peu à peu à le réveiller. Il pense encore à la mort de son père. Pour lui, il n'est pas mort comme on le lui a toujours raconté, ce n'est pas un accident de la route qui l'a tué. Il en est certain, Pedro a cette intuition très forte que l'ex patron américain du laboratoire pharmaceutique dans lequel travaillait son père, M.Smith, est impliqué dans cette disparition. Il sait que, coûte que coûte, il découvrira la vérité. L'obstination est une des qualités que lui a léguée son père et il en est très fier. Sortant de sa torpeur et de la salle de bain, il finit de se préparer. Il enfile ses vêtements favoris : un sweat d'une grande marque de textile américaine, un jean et des baskets qui lui donnent un style d'adolescent attardé. Ce style et ces habits-là comptent beaucoup pour lui, ils représentent la période la plus heureuse de sa vie juste avant le drame familial. Dans le salon, l'horloge murale affiche sept heures moins le quart. Cette vieille horloge qu'on trouvait auparavant dans les bars new-yorkais des années cinquante contraste vraiment avec la décoration moderne de l'appartement dans les tons rouge et gris métallique. Il est déjà l'heure de partir car il lui faudra plus de trois quart d'heures de trajet pour se rendre à l'agence du journal « Le Monde » pour lequel il travaille, dans le XIIIème arrondissement de Paris. Il compte environ quinze minutes pour se rendre à pied jusqu'à la station « Opéra » en passant par le « Boulevard des Italiens » puis vingt-cinq minutes de métro de « Opéra » à « Corvisart » et enfin cinq minutes de marche pour rallier cette station à l'agence.
	Arrivé au rez de chaussée, il rencontre la concierge, une insomniaque très sympathique d'environ soixante ans, qui passe le balai devant son entrée de manière très délicate comme le vent caresse la cime des arbres. Et, comme tous les matins, en l'apercevant, un large sourire se dessine sur le visage de l'employée, une attention qui le met de bonne humeur. Lorsqu'il ouvre l'imposante porte cochère en chêne massif de l'immeuble pour sortir, un grincement assourdissant se fait entendre : « Il faut vraiment la réparer » se dit-il. Dehors déjà, les lumières provenant des décorations de Noël scintillent. Dans ce froid mordant, Pedro avance sans se presser le long du « Boulevard des Italiens »; les odeurs du HD Diner lui chatouillent les narines. De nombreux franciliens sont attelés au bar du café Starbucks, café crème et Ipad en main. Plus loin Pedro perçoit des senteurs exquises qui lui rappellent les délicieuses pâtisseries de Millies Cookies située quelques dizaines de mètres plus loin. Enfin, il arrive devant la station de métro face à l'Opéra Garnier et ses majestueuses statues en or. Pedro croise une foule pressée et silencieuse qui rejoint les bureaux d'affaires et les grandes banques. Le vent frais de ce jeudi onze décembre souffle fort et vient frapper son visage avant de s'engouffrer dans la bouche du métro. Pedro aussi plonge dans les Abysses parisiennes où une fois de plus il est saisi par l'odeur âcre du métro, mélange d'huile de moteur et de transpiration. Sur le quai, un grand panneau d'affichage lui apprend alors que la rame de métro connaît quelques minutes de retard, contrairement à son habitude.













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