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 Le combattant
 
Celui qui a la souffrance épargnée doit se sentir appelé à soulager celle des autres.
   Il y avait ces bruits, cette ambiance, cette inquiétude, sûrement qu'il s'en rappellerait toute sa vie.
   C'était un tout jeune diplômé, sur sa blouse de médecin on pouvait lire son prénom Maho. On sentait sa présence, sa sérénité, sa confiance en lui, d'une chambre d'enfant au bloc opératoire. Dans ces blocs se déroulaient toutes sortes d'opérations, risquées ou bénignes, des enfants, des familles leur donnaient leur confiance. Cet hôpital portait le nom de Necker et accueillait des enfants malades. C'était un hôpital spécialisé en pédiatrie. Dans ce service il y avait plusieurs activités; maladies génétiques, maladies rares, chirurgie pédiatrique et urgence. Maho y avait  vécu une partie de son enfance, en tant que que jeune patient. Il était alors atteint d'une leucémie aiguë lymphoblastique, caractérisée par une multiplication, au sein de la moelle osseuse, de globules blancs défaillants. Il gardait des signes de la maladie, il n'était pas très grand pour un homme, un mètre soixante-dix. En effet, la maladie avait freiné sa croissance, il était maigre et ses joues étaient creusées. C’était, malgré cela, un bel homme aux yeux bleus, et aux  cheveux bruns et bouclés, il avait quelques taches de rousseurs et ne portait aucun signe de vieillesse pour ses trente ans. Il avait aussi un tatouage, il ne le montrait pas, il n'en parlait pas. C'était un de ses défauts : il gardait ses émotions, ses sentiments à l'intérieur de lui. Il s'était fait tatouer «drantiz» qui signifie joie en breton, clin d’œil à son origine. Il n’oublierait jamais à quel point ses parents avaient été là pour lui. Sa mère lui avait donné un surnom : «le combattant». Alors, lorsqu'il battait la maladie, il se sentait plus fort, plus grand.
   Ses journées de garde commençaient dès qu'il passait cette porte. Lorsqu'on la franchissait, on ressentait à la fois l'inquiétude des parents et le dévouement du personnel.
Maho avait habité en Bretagne, il était arrivé à Paris, capitale de la France, ville très touristique, riche de ses monuments. Mais on ne parlait pas de ses hôpitaux qui étaient la raison pour laquelle il avait quitté la Bretagne. À l'âge de ses 6 ans, les médecins avaient diagnostiqué sa  leucémie. Celle-ci ayant atteint un stade critique, on l'avait transféré à Paris. Dans cette ville où il n'avait jamais mis les pieds, il fut bien dépaysé par ces rues à perte de vue, des appartements plus grand les uns que les autres. L’hôpital était situé dans un quartier riche de Paris, dans le quinzième arrondissement. Il l'avait comparé à son village breton où son père travaillait comme plombier. Il resta six ans dans cet hôpital, ce type de leucémie avait nécessité à Maho une chimiothérapie et une hospitalisation de longue durée. Malheureusement il avait fait plusieurs rechutes, une greffe lui avait été nécessaire pour sa guérison. Quand on se porte bien on ne comprend pas comment faire si on est malade. Et quand on l'est on n'a plus les passions et les désirs des divertissements que la santé donnait. La nature donne alors des passions et des désirs conformes à l'état présent : il voulut devenir médecin. S'il pensait aux revenus de ses parents, Maho pouvait perdre espoir, mais son dévouement fut décisif. Il voulait donner son sens à la vie, à sa vie en pratiquant la médecine : il s'appliquait à la réussite d'arracher quelqu’un à la mort.
   Lorsqu’il était malade, il avait dessiné sur le mur d'un couloir de l’hôpital sa main d'enfant malade. Lorsqu'il passait dans ce couloir, il s’arrêtait un instant pour se rappeler pourquoi il était là, comment il était arrivé là. Si il passait par ici c’était pour rendre visite aux enfants dans leurs chambres, en y mettant un peu de gaieté. Il avait la volonté de les rendre moins tristes,  il leur racontait des histoires, sa voix était forte et rassurante. Leurs chambres étaient  blanches avec des décorations, des jouets, un lit, des fauteuils tous les éléments d'une chambre ordinaire, mais c'était sans compter qu'il y avait dans ces chambres des perfusions, monitoring et sur leurs tables de chevets des médicaments.
   Sa journée de garde se finissait lorsque de nouveau il franchissait cette porte entre l’hôpital et la vie plus sereine, tout en continuant à penser à ce qui se passait dans l’hôpital. Cet hôpital où se côtoient, la vie et la mort, l'inquiétude et le soulagement, la défaite et la victoire.











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