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=<center><big>'''Maeve de La Verdière'''</big></center>=

Près de mon lit à baldaquin se trouve un miroir. Il a appartenu à ma grand
mère, c'est un vieux miroir entouré de fer rouillé. Il est assez imposant et il
permet de se voir entièrement.

A travers ce miroir se reflète une jeune fille à la peau mate, plutôt svelte,
aux grands yeux en amande verts et aux lunettes rectangulaires, moi. J'ai un
visage et un nez plutôt fins, une légère cicatrice sur le côté droit de la lèvre
supérieure à cause d'un malheureux accident de « léchage » de couteau enduit de
pâte à tartiner, à l'âge de 8 ans.

Je porte un jean slim Levis et un débardeur blanc large en coton. Ainsi
qu'un gros gilet bordeaux rêche, en laine, qui m'arrive à mi cuisses.
C'est la tenue
idéale pour un voyage en avion. Au loin, le tintement des cloches de l’Église du
village se fait entendre, il doit être 7h30. Et il fait toujours nuit noire, je déteste le
mois de novembre.

Derrière moi se trouve un désordre indescriptible, étant donné qu'hier,
Sara, ma meilleure amie, est entrée dans ma chambre et l'a retournée pour, je
cite, « me bizuter » avant mon départ. Malgré les 35m2 de ma chambre, des
vêtements sont éparpillés partout ; sur mon piano, mon bureau, ma guitare et
même sur mon chevalet. Au pire... je rangerai à mon retour.

Ma valise est posée sur mon lit, à moitié faite. Je devrais peut être me
dépêcher si je ne veux pas louper mon avion. Je m'assois sur mon lit.
Habituellement, ma chambre est tellement lumineuse, il n'y a quasiment que des
fenêtres, ornées de rideaux beige blanc
cassé, ça change lorsqu'il fait nuit. Le peu
de mur est peint en taupe. Je ferme les portes de mon dressing et de ma salle de
bains.
Au dessus de ma commode, il y a ma vie. Ma vie entière. Des photos de mes
amis, de Baptiste ; mon copain, de mes parents. Des événements les plus
importants que j'ai vécus : mes anniversaires, ma remise de diplômes, mes
voyages en Hollande, en Suède... Il y a aussi mes trophées de gymnastique et des
papiers concernant le travail d'avocate.

Mon portable a sonné. Ça doit être Sara qui me répond. Tous les matins, je
lui envoie un SMS, c'est notre petit rituel. Je prends les dernières affaires nécessaires ; billets d'avion, passeport
indiquant ma double nationalité franco colombienne, sac à main, argent,
téléphone, ordinateur portable... Je mets le tout dans ma valise, prends la
fermeture, la fais coulisser pour la fermer, j'éteins la lumière et je sors de ma
chambre.

« Maeve tu vas être en retard !»

Mes parents. Évidemment. Je pensais qu'ils seraient toujours endormis. Je
descends dans la cuisine. Ils m'attendaient tous deux à table. Je vois qu'ils sont
émus au fond mais qu'ils ne veulent pas le montrer. Je prends un bonbon au
caramel qui était dans le pot au dessus
du frigo. J'adore la sensation qu'a le
caramel quand il fond sur la langue, et le petit goût sucré qu'il dégage.

« Tu as bien dormi ? », demande mon père

« Non, pas vraiment. J'ai passé une nuit blanche. »

«Ah... »

Soudain, des phares de voiture se reflètent dans la vitre de la cuisine et
illuminent un instant le portique du fond du jardin. Mon taxi est là.
Mes parents ont compris et me serrent tous deux dans leurs bras. Je prends
ma valise et je sors de la maison. Les odeurs de vanille et de lavande vont me
manquer. Ma maison en bois va me manquer, même ma boîte aux lettres avec
l'étiquette « 9 rue Pasteur » me manquera. Le chauffeur prend ma valise et mon sac un à un, les met dans le coffre de
la voiture, monte au volant et démarre. Je contemple tous les châtaigniers de ma
rue, un par un, pendant la manœuvre du chauffeur. Malgré le ciel d'encre et le
pauvre éclairage des lampadaires, mon quartier est magnifique. La vue est
splendide, surtout de jour, le quartier surplombe tout Landeda, tout l'Aber
Wrac'h.


Je m'appelle Maeve de La Verdière, j'ai 17ans, j'ai été adoptée à l'âge de
quatre ans et je pars chercher ma mère biologique à New York.















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