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=<center><big>'''Lucas Le Breton'''</big></center>=

Les maisons défilent près de moi de plus en plus vite ; je cours. Spontanément, mon regard se porte sur une vitrine, celle-ci me renvoie le reflet d'un homme assez grand, mince, d'un peu plus de 20 ans. Le jogging que je pratique depuis mon plus jeune âge m'a forgé une silhouette élancée. De mon bonnet, dépassent quelques mèches de cheveux blonds. Mes yeux, d'un bleu intense, contrastent avec la couleur sombre de mes vêtements. Un manteau noir me protège de la brise qui souffle par rafales dans les rues de mon village. Mon pantalon, de la même couleur, flotte sur mes jambes au gré du vent. Je ralentis. Mes doigts, gourds au fond de mes poches, peinent à se réchauffer. Une écharpe de laine maintient mon cou au chaud. Je continue mon chemin. J'avance machinalement, sans m'arrêter, jusqu'à la grève, où, tout petit, mon père m'emmenait jouer. Quelle beauté ! Comment ai-je pu l'oublier ? J'aime cette odeur de vent iodé venant du large. Je m'arrête. Mon visage se reflète dans l'eau où mon regard semble se noyer. Je passe ma langue sur mes lèvres : un goût de sel se mélange à ma salive. Je suis heureux de retrouver cette plage où j'ai tant de souvenirs. Je me baisse et ramasse une poignée de sable humide. Je le porte à mes narines, je le hume ; une odeur d'algues envahi mes poumons. Je repense à ce jour, où étant à la pêche à pied avec mon grand père, une vague impressionnante m'a emporté. Je ne savais pas nager. J'ai cru mourir ! Depuis ce jour, j'ai très peur de l'eau.

Je suis revenu, la veille, de Lille où je viens de terminer mon école de journalisme. A force de travail, j'ai terminé major de ma promotion. Mes professeurs m'ont prédit un brillant avenir dans le journalisme. Les efforts et le travail demandés pour parvenir à ce résultat ne m'ont pas permis de revenir, aussi souvent que je l'aurai voulu, en Bretagne. Je suis fébrile, j'attends le résultat de plusieurs entretiens d'embauche dont un à New York. Mes résultats à l'école de journalisme, les capacités que j'ai la chance de posséder ont conduit à définir mon objectif secret : devenir reporter d'actualité et d'obtenir le très célèbre prix Pulitzer. Le poste de New York que j'espère décrocher pourrait me permettre d'y parvenir. Les nombreux voyages que j'ai eu l'occasion de faire m'ont permis d'acquérir l'ouverture d'esprit indispensable pour ce métier. L'aptitude à rester calme en toutes circonstances, mon caractère sociable, ma nature souriante sont autant de qualités que doit posséder un journaliste. Je dois cependant reconnaitre que je suis un peu bavard.

J'aime me promener dans ma ville natale : Camaret. Son port typique, qui se prolonge par une longue jetée et se termine par la célèbre Tour Vauban. Au pied de cette tour, une église. A chaque fois que je revenais de Lille, je vais me promener le long de la côte. Je connais par cœur le sentier qui relie les trois pointes : Penhir, le Gouin et le Toulinguet. La mer m'impressionne et, lors des grandes tempêtes, à la fois m'attire et me fait peur. Les vagues impressionnantes, poussées par la brise, viennent s'écraser contre les falaises et moussent comme un champagne versé trop rapidement dans un verre.
L'été, le port s'anime. Les touristes profitent des restaurants de fruits de mer et des pubs où des musiciens jouent tous les soirs des airs de chants de marins que j'entends de ma fenêtre.

Je m'avance d'un pas lourd vers ma maison. Elle donne sur le port. Toutes les maisons sont peintes, la mienne aussi. On la repère à sa couleur jaune. Les maisons voisines sont rouges, vertes, bleues. Ce mélange de couleurs donne de la gaité au quai Vauban.
Ma maison comporte 3 étages. Mes parents occupent le deuxième. Je compose le code sur le digicode. La serrure électrique émet un claquement sec ; la grande porte en bois s'entrouvre légèrement. Je la pousse, elle pivote et s'ouvre sur un couloir sombre. Au bout de ce couloir se trouve un escalier qui monte vers les étages. Cet escalier, en bois, grince à chaque marche. En arrivant sur le palier du deuxième étage il y a deux portes ; chacune d'elles donne sur un appartement.

Le mien est sur la gauche. Il est composé de 3 chambres, d'un salon-salle à manger, d'une cuisine ouverte. C'est la maison de mon enfance : j'y ai tous mes souvenirs. Ma chambre se trouve au bout du couloir. La serrure grince un peu quand on l'ouvre. Lorsque la porte s'entrouvre on découvre une petite chambre peinte en bleu. A droite, mon lit. A Gauche une petite armoire ou sont rangés mes vêtements. Entre les deux une petite fenêtre donnant sur le port. Je me souviens des heures que j'ai passé à regarder les bateaux quittant et revenant au port. Un bureau en bois à côté de l'armoire sur lequel se trouvent encore des cahiers me rappelant les longues heures passées à étudier. Je m'approche doucement, j'ouvre le tiroir du bureau, je retrouve des souvenirs de mon enfance : quelques coquillages ramassés sur la plage, des billes gagnées dans la cour de récréation. Tant de bons souvenirs ! Je m'approche de la fenêtre. Dehors, la vue du port, si familière autrefois, n'a pas changé. Je me retourne et m'avance vers mon lit. La lumière de cette fin de journée qui entre par la fenêtre allonge ma silhouette. Je m'étends sur mon lit et m'assoupis comme autrefois, bercé par mes souvenirs.












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