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            Cela faisait maintenant trois ans jour pour jour que Lissandro Corléone, un mafieux de quarante-cinq ans, croupissait dans une prison gouvernementale du Bronx dans le quartier de haute surveillance. Dans sa cellule, les murs étaient remplis de mille quatre-vingt-quinze croix qui symbolisaient chaque jour de détention. Seul le lit et les barreaux métalliques de la cellule étaient encore intacts. On ne lui avait donné qu’une couverture rouge et noire qui était trouée mais qui tenait chaud les hivers glaciaux. C’était sûrement la prison la plus délabrée de l’Etat. La peinture des murs extérieurs commençait à s’écailler. A l’intérieur, les murs n’étaient même pas peints. La prison possédait quatre bâtiments qui entouraient une immense cour qui pouvait réunir la promenade du matin. Malheureusement, Lissandro  ne pouvait sortir de sa cellule que pour les repas car c’était le prisonnier le plus surveillé. Il était pourtant respecté par l’ensemble des détenus. Chaque fois qu’il traversait la cour pour rejoindre la cantine, il était accompagné par trois gardes surarmés qui ne le laissaient pas faire un faux pas. Pour cela il passait un chemin bétonné que longeaient des grillages de cinq mètres surmontés de barbelés. La cantine était un ancien gymnase dans lequel on avait mis de grosses tables en fer et où on avait installé un réfectoire au fond de celui-ci. Sur les miradors les sept snipers de la prison de Rickers Island  se relayaient jours et nuits où ils restaient attentifs à tous leurs faits et gestes. Le directeur, personne ne l’avait jamais vu, certains disaient que c’était une femme, d’autres un homme. Son bureau était dans le bâtiment A, dans l’aile de l’administration. De son bureau, il ou elle avait une pleine vue de la cour et surveillait les promenades derrière ses stores rouges qui ne permettaient de voir que ses grands yeux verts. Cette prison était le cauchemar de tous les prisonniers, personne ne voulait y aller car dans cette prison, les pires prisonniers étaient emprisonnés.  Il était à peu près quinze heures quand Lissandro regarda par la fenêtre en repensant comme tous les jours à sa misérable existence.
          Chaque jour, il se revoyait en Italie, quand il était encore jeune et qu’il avait encore cette joie de vivre qui l'avait quitté le jour de son incarcération. Lissandro était grand homme, très musclé avec les yeux bleus, les cheveux bruns coupés court, bronzé même si maintenant ses cheveux et sa barbe avaient poussé et qu’au fil des années la lueur de ses yeux qui charmait de nombreuses femmes à l’époque s’estompait au fil du temps. Ce qui le trahissait souvent c’était son avidité pour l’argent. En plus d’être charmeur, gentil et intelligent c’était aussi un gentleman qui se souciait beaucoup de son apparence. Il portait toujours de très beaux costumes, trois pièces, Italien, chiqué et branché. Derrière cette apparence se cachait pourtant un jeune homme impulsif, sûr de lui et qui avait le don de vous faire parler de tous vos problèmes même si vous ne le connaissiez pas. Il en jouait même pour avoir ce qu’il voulait quand il le voulait. Riche Napoli, il était destiné à reprendre le business familial qui n’était pas légal car depuis des générations et des générations, les Corleones étaient à la tête de la plus grande mafia européenne. Depuis tout petit, le travail que faisait son père l’émerveillait. Son père, qui était sûrement le seul à donner un soutien sans faille à Lissandro, était la personne que Lissandro admirait le plus. Il l’avait quitté le quatre Août mille neuf cent vingt, assassiné à  la porte de sa maison familiale. Profondément choqué, Lissandro était depuis ce  jour, d’une impulsion impressionnante. Il était devenu ce qu’il était  grâce à son père, il lui devait tout et lui-même le savait et le remerciait encore.
    
          Cela faisait une vingtaine d’années que Lissandro avait commencé sa carrière de criminel dans les beaux quartiers de Naples où lui-même possédait une villa, qui était certainement la plus belle de Naples. Elle avait un très grand jardin fleuri où une fontaine trônait en plein milieu de celui-ci. C’était une vieille bâtisse dont la façade possédait une voûte immense et majestueuse. La bâtisse qui avait été construite par son arrière-grand-père en mille huit cent vingt-deux pour la naissance de sa grand-mère était devenue un monument à part entière de Naples, contemplé par de nombreux touristes. La bâtisse n’avait jamais appartenu à d’autres que la famille de Lissandro. A l’intérieur de celle-ci on aurait pu se croire dans un musée car sur tous les murs on pouvait admirer des tableaux de grands peintres de l’époque et dans le salon on pouvait voir deux statues de dieux grecs de trois mètres de haut juste à côté de la cheminée en marbre. Il gardait la plupart de ses souvenirs dans cette maison et priait pour pouvoir y retourner un jour même si au plus profond de lui il savait que cela était impossible. C’est certainement l’envie de retourner là-bas qui le tenait encore en vie dans cette cellule de quatre mètres carrées.









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