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           Dans Les jardins de Ranterboul, une petite impasse de la commune de Portsall, il n’y avait que des maisons neuves habitées par des jeunes gens. Une allée principale traversait l’impasse, et les maisons étaient construites de part et d’autre de cette allée. C’était un quartier attirant, où les gens s’entendaient très bien, où les voisins faisaient des fêtes jusque tard dans la nuit. C’était le quartier idéal. Mais, au milieu de tout ça, il y avait la maison de Mr Nogodd. 
ऀCette maison qui dégageait une atmosphère lugubre, sans aucune lumière, toujours en désordre, dont personne ne sortait, faisait penser à une caverne qu’un ours garderait pour lui seul, comme si cet ours voulait protéger quelque chose, quelque chose qu’il ne perdrait pour rien au monde. Mais cette caverne avait autrefois été une belle maison, habitée, pleine de vie. Dans l’entrée, une grande cuisine toute équipée, moderne. Sur la droite un beau salon qui renfermait les souvenirs de vacances d’autrefois : un long tapis, une table basse en bois taillé venant du Maroc. Mais maintenant, cette maison paraissait vide, morte. Dehors, on pouvait peut-être encore imaginer un enfant sur la vieille balançoire qui pourrissait, ou des animaux, derrière la maison, dans un grand enclos, où la nature avait repris ses droits. 
Le salon était en désordre. Le sol, jonché de feuilles en boules et de tasses de café vides, était à peine perceptible.  Se tenait là, devant un vieil ordinateur, un homme. Il tapait avec force sur les touches du clavier, et ce son, qui résonnait dans la maison, était le seul que l’on entendait.
          Quelqu’un sonna, le boulanger à domicile. L’homme se leva et alla ouvrir, et c’est alors que le boulanger le vit.
         Kinh Nogodd était un homme, grand et imposant, d’une quarantaine d’années. Ses sourcils froncés et ses yeux pâles, ses cheveux d’un noir sombre, en bataille, et une cicatrice sur le bas de la joue droite, n'incitaient pas vraiment à la conversation et, d'emblée, on sentait qu'il n'était pas judicieux de contredire cet ours mal léché. Plusieurs rides se dessinaient déjà sur son visage. Quelques gouttes de sueur coulaient le long des branches de ses grosses lunettes qui lui faisaient des yeux de mouches. Mais derrière cette apparence d’homme fort, tant physiquement que moralement, un homme qu’on ne doit pas déranger, se cachait une timidité qu’il essayait tant bien que mal de masquer.
Bonjour ! dit le boulanger, habitué à le voir.
Oui bonjour, répondit Mr Nogodd, d’une voix pressée, avec une pointe de timidité.
Comme d’habitude ?
Oui, oui très bien ce sera tout, merci au revoir ! dit-il en claquant la porte au nez du boulanger.
 Il avait une idée en tête, et, à partir de là il devenait têtu et impatient. C’était un homme qui voulait que le monde tourne à sa façon. Il était quelqu’un d’impatient, quand il voulait faire quelque chose, il fallait qu’il le fasse au moment où il en avait l’idée. Il prenait ses décisions très rapidement, souvent sur un coup de tête et détestait qu’on se mette en travers de sa route car il perdait rapidement son sang-froid.
 Il retourna à son ordinateur pour continuer à écrire ce qui serait pour lui son plus grand livre, car il parlerait de sa plus grande réussite, son fils. Son fils qui n’était plus là. Il n’était pas mort, non, mais suite à une série de disputes entre Kinh et sa femme, celle-ci avait décidé de partir avec son fils (âgé alors de quatre ans) très loin de Kinh, le considérant comme dangereux pour son fils. Kinh ne recevait de son fils qu'une seule lettre tous les six mois, son fils qui avait maintenant quinze ans, et qui devait envoyer ses lettres en cachette de sa mère qui voulait couper tout contact avec Kinh. Celle-ci avait quitté la France pour les Etats-Unis, New-York plus précisément. Ce départ fut un déchirement pour Kinh, qui ne s’en remettait toujours pas.
     Kinh se rassit devant l’ordinateur, ses grosses lunettes reflétant l’écran où s’étendait déjà plus de trois cent pages d’écrits. Il écrivit encore pendant une heure, quand il décida de faire une pause et alluma la télé. C’est alors qu’un flash spécial le figea : « Nous interrompons nos programmes pour un flash spécial, un attentat s’est produit dans la ville de New-York, où deux avions détournés par des terroristes se sont écrasés sur les tours jumelles du World Trade Center, les détruisant et provoquant énormément de morts, nous ne connaissons pas exactement le nombre de victimes mais … ». Kinh était terrifié, son fils habitait dans le quartier de Barclay St, en face du World Trade Center …














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