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Dans le centre de Londres, au trente-septième palier de la tour 42, nommée ainsi selon son nombre d'étages,  M. Lloyd  regardait le soleil se coucher à travers la baie vitrée. La pièce dans laquelle il travaillait et où il passait  le plus clair de son temps était parfaitement ordonnée et propre. Sur le bureau, un café qui était là depuis le matin, des documents et un ordinateur portable de travail, l'ensemble occupant tout l'espace disponible. La pièce était quasi-dépourvue de meubles, avec un bureau, deux armoires remplies de fiches de payes et autres documents, et enfin trois chaises, une pour M. Lloyd et deux pour les personnes qu'il recevait.

	Son bureau se situant à l'angle sud-est du bâtiment, M. Lloyd avait une vue directe sur le 30 St Mary Axe et il pouvait apercevoir à droite la Tamise au loin, les jours de beau temps, mais à cause du soleil déclinant et des nuages de pollution obstruant la vue, elle n'était pas visible ce jour là. 

	En contrebas une masse de personnes quittait leur lieu de travail pour se rendre chez eux, en empruntant des bus bondés ou le métro en mauvais état, mais pas M. Lloyd; il ne vivait que pour son travail, et n'avait pas de famille proche dont il devait s'occuper. C'était un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux relativement courts, bien coiffés et grisonnants, au visage sévère et qui portait en permanence un costume cravate, en général de couleur bleu, mais parfois gris ou vert foncé. Il portait parfois un chapeau les jours de pluie. Il avait les yeux verts entourés de cernes, il s'habillait de manière très convenue et il n'avait jamais de barbe, il trouvait cela peu hygiénique. Sa démarche était toujours très sérieuse, et ceci en toutes circonstances.

	Son travail, directeur des ressources humaines dans une grande multinationale implantée un peu partout en Europe, le préoccupait grandement. L'entreprise comptait s'établir sous peu aux États-Unis, et il s'était proposé pour diriger l'entreprise là-bas, dans l'espoir d'une promotion. Il espérait juste que cette tentative ne soit pas un échec, car cela signerait pour lui l'impossibilité d'obtenir un poste plus haut-gradé. C'était son initiative la plus risquée, mais cela faisait quelques années qu'il stagnait au même poste, et il voulait changer cela.
Il occupait également quelques autres postes, il recevait la plupart des partenaires commerciaux quand le PDG était indisposé ou s'assurait du bon fonctionnement des autres sièges de la multinationale, sa maîtrise de nombreuses langues aidant, et il blanchissait les quelques rentrées d'argent peu légales, bien qu'il ne sût pas d'où elles venaient. 

	M. Lloyd connaissait parfaitement tout le quartier de la City, non pas parce qu'il avait passé du temps à s'y promener, mais parce qu'il observait tous les jours depuis son bureau la vie en contrebas. Il savait exactement à quelle heure les gens partaient ou arrivaient dans chaque bâtiment, mais pour autant ce n'était pas un homme oisif; il lui arrivait juste de se retrouver souvent à devoir attendre plusieurs heures des partenaires commerciaux, sans rien à faire. 

	Le quartier était constitué quasi-exclusivement de banques ou de sièges d'entreprises, de musées ou de restaurants, même s'il subsiste quelques exceptions comme la cathédrale Saint-Paul. Les banques étaient situés dans des vieux bâtiments en contrebas et les sièges de grandes multinationales étaient situés dans des grand buildings vitrés qui culminaient à des centaines de mètres.

	Sa secrétaire était partie, probablement enfouie dans la masse de personnes en bas dans la rue, se dépêchant de rentrer chez elle pour échapper au froid automnal. Il ne devait plus rester grand monde dans le building si ce n'est des agents d'entretien ou des personnes travaillant aussi tard que M. Lloyd. Les lumières des lampadaires venaient d'être allumées dans les rues et il planait un léger brouillard dû en partie au froid et à l'humidité ambiante mais aussi à la pollution. Là où était situé le bureau de M. Lloyd, il  pouvait apercevoir le soleil uniquement grâce au reflet de celui-ci dans les vitres du Gherkin en face de son bureau.

	Peu à peu, l'agitation présente dans les rues se calma et le soleil disparut, et pendant que les derniers bus partaient vers les quartiers résidentiels, M. Lloyd décida alors de retourner s'occuper de l'entreprise, ne comptant probablement pas rentrer chez lui ce soir là. Il s'assit, but son café froid et recommença à travailler.


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