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	Il était 19h30. Comme chaque jour, elle traversa le 8ème arrondissement de Paris en taxi, scrutant de ses yeux bleus les beaux magasins de l'avenue des Champs-Élysées, avant de s'arrêter au Boulevard Haussmann sous quelques bruits de klaxons. La jeune femme ouvrit son parapluie noir Chanel afin de sauver son brushing de la pluie. Elle aimait contempler les bâtiments haussmanniens qui s'élevaient tels des chênes centenaires au milieu d'une forêt ! Marcher dans ce quartier la remplissait de joie : il respirait la vie et la bonne humeur, il y avait tout le temps des gens, dans les cafés, restaurants...etc. Tous les jeunes cadres dynamiques y habitaient, c'était son cas ! Elle s'arrêta au numéro 144 après être passée devant les grands magasins prestigieux et se précipita dans l'ascenseur pour échapper à la puissante odeur de peinture présente dans le hall. 
Bonjour Emma, s'écria une voix dans le couloir du 3ème étage.

La jeune femme sourit de toutes ses dents : elle adorait sa voisine. Elle échangea quelques mots avec la vieille dame et s'éclipsa dans son appartement. C'était un t4 d'environ 100 m², grand et luxueux. Emma y habitait seule étant célibataire et sans enfants. Elle retira ses escarpins gris pâle à hauts talons aiguilles et se dirigea vers la salle de bain où elle se contempla dans le miroir. Même si elle était encore remplie de volonté, elle devait bien avouer que la fatigue attaquait son long visage fin. Cette dernière détacha ses longs cheveux bruns retenus toute la journée.

	La routine s'était emparée d'elle, il y a longtemps et maintenant la jeune femme ne pouvait y échapper. Au début, cela ne l'avait pas dérangé, elle avait aimé avoir une vie programmée étant  perfectionniste jusqu'au bout des ongles ! Mais maintenant, cela changeait. Elle doutait de son courage pour franchir ce cap. Pour autant elle savait qu'elle l'avait eu ce courage : la trentenaire avait réussi à se hisser dans un des postes les plus élevés de l'agence alors qu'elle n'était partie de rien dans sa famille modeste et provinciale.

	La jeune femme aurait sûrement du aller travailler dans son bureau, face à sa chambre. Cette pièce, tout comme le bâtiment entier, renvoyait dans l'architecture au Second Empire, c'était sûrement ce qui lui plaisait ici. Pour autant elle l'avait aménagé de manière très moderne de part le mobilier, mais aussi avec son Mac, sa tablette...etc. Mais au lieu de cela, elle s'assit calmement sur son canapé moelleux en cuir et commença la lecture du journal Le Monde ; puis elle s'attaquerait au Parisien. Connaître l'actualité lui permettait de sortir de son petit monde. C'était son côté social qui ressortait !

	Emma se réveilla en sursaut au milieu des journaux froissés. Elle regarda l'heure : 7h, se leva d'un bond, et se précipita dans sa chambre pour trouver une autre jupe tailleur repassée. Et après une trentaine de minutes de préparation, la trentenaire était prête : ses yeux parfaitement maquillés, ses cheveux parfaitement coiffés, ses vêtements parfaitement propres.

	À son travail, la jeune femme n'avait pas que des amis et elle le savait, parfois à cause de la jalousie qu'elle créait ou de son autorité... Mais peu importait, personne ne la rabaisserait ! La directrice artistique entra dans le bureau à son nom « Emma Dupuis ». Pendant toutes ses études, et surtout quand elle était à l'école des Beaux-Arts, elle avait rêvé de cette vie et de ce travail ; et c'était devenu réalité aujourd'hui. L'importance et le charisme qu'elle avait toujours eu avaient joué en sa faveur, si bien que les clients la félicitaient toujours en premier, que quand elle parlait tout le monde se taisait pour l'écouter, que même de nature modeste elle se trouvait fière d'elle ! Mais son importance et son charisme, auxquels elle attachait tant de temps, l'empêchaient de sympathiser avec ses collègues, de reconnaître ses collègues, de se souvenir que ses collègues existaient... Mais malgré cette indifférence envers eux, elle avait de vrais amis sur qui compter. Tous ses vendredis après-midi étaient dédiés à une sortie shopping avec ses amies, aux Champs-Élysées, à guetter les nouvelles tendances. Tous ses vendredis devaient être quelque chose de différent pour se sortir de ses habitudes au travail mais désormais ces après-midi faisaient partis du quotidien de la jeune femme. Une fois l'ennui installé, elle repensait à ce dossier qu'elle n'avait pas pu terminer à l'entreprise, à la machine à café en panne –sera-elle réparée lundi ?–, à cette augmentation qu'elle espérait avoir et qu'elle était quasiment sure d'avoir, d'ailleurs, qui d'autre à part elle aurait pu l'avoir ? À chaque fois, elle n'entendait pas quand on lui parlait ou plutôt elle n'écoutait pas quand on lui parlait, source de reproche en conséquence mais vite balayés ! Et quand, celle-ci se décidait à essayer des vêtements, elle produisait encore l'admiration des vendeuses et de ses amies, car sa silhouette de mannequin grande et fine épousait parfaitement les formes du vêtement, c'était la routine du vendredi après-midi. 







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